Retraites : en dehors de la réforme, point de salut ?

Document audio réalisé par France culture et relayé par DIFF PORASG le 10/01/2023 à 21:29
Dernière mise à jour le 10/01/2023 à 21:30
Thématique : Travail emploi
Zone géographique concernée : France
Zone géographique de diffusion : France


Recul de l’âge de départ à la retraite ou encore augmentation de la durée de cotisation, que va contenir le projet de loi sur les retraites du gouvernement et pourquoi fait-il tant débat ?

Des mesures qui pourraient creuser les inégalités

Michael Zemmour explique que le gouvernement a donné des indices ces derniers mois concernant “deux mesures essentielles”, à savoir, "le décalage de l’âge de la retraite à 64 ans" et “le décalage du nombre d’années de cotisation qui atteindrait 43 ans plus rapidement que prévu”. Concernant la première mesure, l’économiste déplore : “l'âge de départ est le premier levier de réforme qui a été choisi par le gouvernement, et cela peut être source d’inégalités, car les personnes qui ont commencé à travailler le plus tôt, auront les carrières les plus allongées”. Et ce choix a été fait car "c’est celui qui permet le plus d’économies à court terme" insiste le chercheur.

Pour Michael Zemmour, certaines populations risquent d’être davantage impactées : “la réforme risque d’être la plus dure et la plus importante pour les gens qui sont aujourd’hui aux portes de la retraite. Les personnes qui ont 55 ans ou plus, ont de bonnes raisons de faire leurs calculs, parce que pour elles cela va changer beaucoup de choses.”

L’emploi des seniors constitue un autre enjeu important, selon le chercheur : “les projections du gouvernement envisagent à peu près 300 000 emplois supplémentaires, c’est-à-dire 300 000 seniors qui resteraient une à deux années de plus sur le marché du travail”. Mais, selon lui : “l'incertitude est savoir si on va recréer une poche de pauvreté avant la retraite”. Une question qui se pose dans la mesure où, avec la réforme précédente, ”quand on est passé de 60 à 62 ans, on a vu une augmentation du nombre de seniors au RSA” souligne-t-il.

Une réforme ni utile, ni nécessaire ?

Pour l’économiste, la réforme portée par le gouvernement relève d’un pur choix politique : “l’exposé du Centre d’Observation des Retraites est assez clair. Il nous dit que le système n’est pas en danger, les dépenses sont formalisées à moyen et long terme. Mais cela se fait à un prix élevé : une baisse programmée du niveau des pensions dans les années qui viennent. Une autre critique qu’on entend beaucoup, c’est qu’elle n’est pas nécessaire, ou en tout cas qu’elle n’est pas urgente. Et effectivement, quand on analyse les réserves, c’est un argument supplémentaire pour dire que le système n’est pas en danger.”

À la question de savoir si le gouvernement serait capable de faire marche arrière, Michael Zemmour répond : “la seule possibilité serait qu’il revoit le calendrier de la réforme ou le montant des économies qu’il veut faire. Or, il s’est fixé des économies à l’horizon 2030, il martèle qu’il veut que la réforme soit appliquée dès l’été 2023, donc ce serait pour lui un changement de pied. C'est techniquement possible car il n’y a ni nécessité à cette réforme, ni à ce calendrier, mais le gouvernement lui-même s’est fixé ce cadre-là, donc on va voir s’il le fait évoluer."